Institut d’Études du Judaïsme
Biographical History
Le Centre National des Hautes Études Juives (CNHEJ) fut créé en 1959 auprès de l’Institut de Sociologie de l’ULB, en vue de développer l’étude du judaïsme, à l’initiative de Max Gottschalk et de Marcel Marinower. Max Gottschalk en fut le premier président. Parmi ses principales missions se trouvait la collecte de sources, notamment orales, à l’instar des pratiques en cours au sein du département d’histoire orale de l’Université hébraïque de Jérusalem. Dans le cadre du projet « Constitution d’archives orales relatives à la communauté juive de Belgique avant, pendant et après la guerre 1940-1945 », près de 35 interviews furent recueillies de 1964 à 1973. Une deuxième campagne d’interviews axée sur l’engagement communiste et sioniste fut menée, intitulée « Campagne d’histoire orale sur l’immigration juive en Belgique au cours de l’entre-deux-guerres », collectant 45 témoignages enregistrés entre 1980 et 1983. Le CNHEJ organisa par ailleurs de nombreux colloques scientifiques, dont les actes firent l’objet de publications. Willy Bok, chercheur puis directeur du CNHEJ, y initia un Record Center, dont l’objectif fut, à l’image des zamler (collecteurs) du YIVO, de collecter un maximum de pièces produites par les associations juives, comme des PV de réunions, des publications, des invitations, des tracts, des affiches etc. Certaines organisations et personnes ayant des responsabilités dans lesdites organisations versèrent une partie de leurs archives au CNHEJ puis à l’IEJ. On notera ainsi les archives de Paul Philippson relatives à son activité au sein de la Centrale d’œuvres sociales juives et de la Caisse de Prêts et de Crédit et les archives du Rabbin Israël David Berman. Par ailleurs, la présence des archives du magazine Regards et des PV des réunions de son comité de rédaction s’explique par les fonctions dirigeantes au sein de ce comité exercées pendant une décennie par Eliyahou Reichert, bibliothécaire-documentaliste du CNHEJ dès 1967. Max Gottschalk, président du CNHEJ et du CCIB, fit transférer les archives de l’AJB entreposées au CCIB rue Joseph Dupont, au CNEHJ, dans l’idée qu’elles soient triées et servent de base à une étude scientifique sur le rôle de l’AJB. La publication de Betty Garfinkels qui fit l’apologie de l’AJB et des actions exemplaires des autorités belges suscita la polémique. Elle empêcha la poursuite des recherches sur cette question encore fort sensible, et reporta la parution du travail de Max Katzenelenbogen, intitulé Travail sur les archives de l’AJB, également chercheur au CNHEJ. Dans la première moitié des années 2000, les archives de l’AJB, propriété du CCIB, furent transférées au Musée juif de la Déportation et de la Résistance à Malines et ne furent ouvertes à la recherche qu’en 2002. Quelques boîtes d’archives sont néanmoins restées à l’Institut. En 1970, des professeurs et chercheurs des universités de Bruxelles, de Liège et de Gand s’associèrent pour créer l’Institut Universitaire d’Études du Judaïsme Martin Buber. Cet institut fut reconnu comme établissement d’utilité publique par l’arrêté royal du 7 mars 1988, sous l’appellation Institut d’Études du Judaïsme (IEJ). Il succède au Centre National des Hautes Études Juives mais se consacre essentiellement à l’enseignement universitaire et non à la collecte des sources. L’Institut d’Études du Judaïsme offre une formation de spécialisation en études juives. Un master de deux ans en histoire, pensée et civilisation juives y est dispensé. Les étudiants peuvent également y suivre des cours isolés ou obtenir des certificats partiels dans l’une ou l’autre discipline. L’Institut organise des colloques, les chercheurs et professeurs associés contribuent à la recherche scientifique dans leur domaine de spécialisation. L’IEJ publie par ailleurs une collection d’ouvrages liés aux études juives intitulée Mosaïque. L’Institut est soutenu par la Communauté française. Il joue un rôle clé dans le dialogue interculturel en Belgique francophone. L’Institut invite des spécialistes renommés comme orateurs de rentrée ou de clôture d’année académique, des personnalités éminentes comme Emmanuel Lévinas, Robert Badinter ou Ilya Prigogine. L’IEJ est doté d’une très riche bibliothèque conservant toute documentation se rapportant aux études juives. Elle compte quelques douze mille ouvrages liés au judaïsme, dont de nombreux périodiques, publiés en Belgique et à l’étranger.